Nairobi : La Société Civile du Kenya attend la fin de l’autopsie pour inhumer l’Opposant Burundais assassiné.

Corps de Jean de Dieu Kabura après son décès


        La police du Kenya a débuté l’autopsie du corps de Jean de Dieu Kabura, le membre du MSD (Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie), dès sa mort en date du 01/01/2016, car, après la tentative de l’assassinat de cet opposant au régime de Pierre Nkurunziza, les différentes organisations de la Société Civile du Kenya pensent qu’il aurait été achevé à l’hôpital.
« Le Département d’Investigation Criminelle a entamé les procédures d’autopsie du

corps et nous attendons. », a indiqué Florence Kanywa l’un des représentants des activistes des droits de l’homme du Kenya à sa sortie des bureaux de la police à Nairobi.

« On ne sait pas quand prendra fin l’autopsie effectuée par the Criminal Investigation Department mais les funérailles seront organisées juste après. », a ajouté un autre activiste burundais en exil au Kenya Ferdinand Manirerekana.
Et pourtant le membre du MSD n’était pas encore mort lorsqu’il a été repéré dans un jardin à Nairobi
Jean de Dieu agonisant dans le jardin
        Jean de Dieu Kabura, membre du MSD, était agonisant dans le jardin de la localité de Kinjunji sur la route Kinywa Road lorsque son ami Juma Ndikumana l’a repéré couché au sol la tête encore saignante dans la matinée du vendredi 01/01/2016.
« Il portait une vingtaine de blessures sur la tête lorsque je l’ai retrouvé après avoir été alerté par une dame qui passait le long du jardin. » a indiqué Juma Ndikumana avant d’ajouter qu’il y avait des éclats de bouteilles tout près de la victime qui aurait sans doute été utilisé lors de l’agression mortelle.
« Il ne parlait presque pas lorsque nous l’avons conduit à l’hôpital et l’un de ses yeux à moitié arrachés ne voyait apparemment plus. », a précisé Juma Ndikumana avant de dire que la victime semblait retrouver sa forme après les premiers soins des médecins.

Jean de Dieu Kabura a rendu l’âme après le contact avec le suspect numéro 1

        Le suspect numéro 1 dans cette affaire c’est Gérard Ndayishimiye alias Butoyi (membre de la ligue des jeunes du parti CNDD-FDD surnommés Imbonerakure et vice-président des Imbonerakure au Kenya) selon certains témoins résidant à Nairobi.
« J’étais parti pour prendre mon déjeuner et l’on m’a appelé pour me dire que Jean de Dieu venait de mourir pendant que Gérard essayait de lui faire porter de nouveaux vêtements ; ça m’a vraiment choqué et je pense que c’est Gérard qui l’aurait achevé. » a déclaré Juma Ndikumana tout en précisant que Gérard était apparu dans la matinée sur le lieu où Jean de Dieu a été retrouvé et qu’il lui avait demandé d’aller chercher un taxi mais qu’il n’était jamais revenu. 
« Gérard est réapparu plus de 5 heures après à l’hôpital, une raison de plus de le suspecter. », a déploré Juma Ndikumana.
Retour sur le jour qui a précédé la mort de Jean de Dieu
        Plusieurs témoins affirment que Jean de Dieu Kabura avait passé une nuit arrosée avec un groupe d’Imbonerakure dirigé par Gérard Ndayishimiye alias Butoyi.
« Ils étaient au nombre de trois, deux Imbonerakure et Jean de Dieu, quand ils ont commencé à boire pendant la journée.», explique un témoin qui ajoute qu’après quelques heures trois autres Imbonerakure ont rejoint le groupe avant que tous les six n’aillent continuer la « fête » dans la localité de Karene.
« Ils étaient encore ensemble même à 22 heures », a affirmé une autre source à Nairobi qui signale que cette fois-là ils étaient déjà retourné vers le centre de la ville plus précisément dans la localité de Kawangware.
Certains témoins suspectent alors Gérard Ndayishimiye alias Butoyi (vice-président des Imbonerakure au Kenya), un certain Juma, Jules, Désiré et un surnommé Papa Shema d’avoir battu à mort la victime en lui infligeant principalement des coups de bouteilles sur la tête dans la soirée du jeudi 31/12/2015.
Quelques indices sur le lieu du crime
        En plus de quelques morceaux de bouteilles, Juma Ndikumana dit avoir trouvé quelques cartes d’identité burundaises dont celle de Gérard sur le lieu où était allongé la victime mourante. Sur le même lieu, plusieurs clefs de Gérard alias Butoyi y ont été retrouvé dans la même matinée.
« Gérard m’a expliqué qu’il avait donné ses clefs à Jean de Dieu avant qu’ils ne se séparent dans la soirée mais cette explication ne m’a pas convaincu. », a signalé Juma Ndikumana.
L’ordinateur portable de Jean de Dieu Kabura a également été retrouvé chez certains de ces Imbonerakure résidant sur le territoire kenyan, a précisé Juma Ndikumana.
Le témoin clé a fui son domicile
        Dans la soirée du 02/01/2016, un Imbonerakure du nom de Jules s’est rendu au domicile de Juma Ndikumana pour le chercher, ont affirmé les voisins.
«Les voisins m’ont dit que Jules était venu chez moi et avait demandé si j’étais là mais je m’étais déjà réfugié chez un voisin parce que je craignais pour ma sécurité à cause des témoignages que j’avais déjà donné aux médias. », a indiqué Juma Ndikumana.
Le lendemain, en date du 03/01/2016, la présence de trois Imbonerakure Gérard, Juma et Papa Shema dans l’église où il priait l’a beaucoup inquiété et Juma Ndikumana a décidé de raconter le cas au pasteur avant de s’en aller brusquement.
« Le pasteur leur a demandé de lui éclaircir ce que je venais de lui raconter et ils lui ont répondu que la personne qui avait parlé aux médias les avaient mis en danger et que c’était un tueur. 
Et moi j’ai répondu que j’avais dit à la radio ce dont j’étais sûr. »
« Ces Imbonerakure ont proposé qu’on emprunte un même chemin en rentrant mais j’étais parti seul parce que j’avais très peur. », a indiqué Juma Ndikumana.
La police a déjà entendu Juma Ndikumana ainsi que l’Imbonerakure Gérard alias Butoyi.
Le témoin clé Juma Ndikumana est actuellement sous la protection de certaines organisations de la société civile regroupées au sein de la coalition Bunge la Mwanainchi qui attendent la fin de l’enquête y compris l’autopsie du corps de Jean de Dieu Kabura pour enfin organiser les funérailles pour ce membre d’un parti anti-troisième mandat contre Pierre Nkurunziza.