Ils parlent surtout des prochaines élections dans les différentes réunions de ces derniers jours. En plus d’être formés sur ce que le CNDD-FDD appelle le patriotisme, les imbonerakure des différents coins du pays sont actuellement appelés à perturber les activités politiques des partis de l’opposition. Les plus actifs parmi les « rivaux » doivent « être suivis de près » selon ces enseignements. Ces membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir ont également obtenu gratuitement des centaines de talkies-walkies, 5 par zone, dont certains communiquent directement avec les forces de défense et de sécurité. (Le Mandat)
Deux grands talkies-walkies ont été donnés aux imbonerakure considérés comme faisant partie des plus actifs dans chaque zone depuis la fin du mois de février. Ces radios mobiles, qui sont connectées à celles des militaires, policiers et agents du Service National de Renseignement, dépassent le nombre de 600 compte tenu des plus de 300 zones que compte le Burundi. Ces talkies-walkies de marque Motorola ont été fabriqués en Malaisie. Dans chaque zone, trois autres petits talkies-walkies ont commencé à être distribués aux imbonerakure. Cette seconde catégorie de talkies-walkies opère sur un périmètre ne dépassant pas 20 kilomètres et permettra surtout aux imbonerakure de chaque entité territoriale de communiquer entre eux selon nos sources. Il s’agit de plus de 900 talkies-walkies de petite taille et de petite portée.
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Au mois de février, le parti CNDD-FDD avait autorisé ses militants à acheter ces talkies-walkies. Le parti au pouvoir vendait les talkies-walkies de grande portée à 180 mille francs. Les plus petits se vendaient à 150 mille francs chacun. Actuellement, tous les militants qui ont acheté les grands Motorola sont appelés à les remettre. Ceux qui ont acheté les petits talkies-walkies les ont gardés. Tous les deux types de talkies-walkies étaient vendus à la permanence nationale du parti CNDD-FDD situé en commune Ngagara de la mairie de Bujumbura selon les sources de l’Agence de Presse le Mandat.
Persécuter les « rivaux »
Au cours des réunions du CNDD-FDD dans différents coins du pays depuis le début du mois de mai en cours, les imbonerakure sont appelés à perturber les activités des opposants jusqu’aux élections de 2025. Actuellement, les opposants politiques les plus visibles sur terrain sont des militants du parti CNL. L’un des animateurs de ces réunions à Bujumbura a demandé aux imbonerakure de « ne pas leur permettre de travailler et de transmettre à leurs supérieurs l’identité des plus actifs parmi ces opposants pour les suivre de près ». Un membre des imbonerakure nous a dit que lorqu’ils « suivent de près » un militant de l’opposition, ce dernier risque d’être assassiné ou porté disparu. Dans de telles opérations, interviennent souvent les agents du SNR, précise ce membre de la ligue des jeunes du parti au pouvoir.
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En 2021 et 2022, une campagne de récupération des talkies-walkies donnés aux imbonerakure a été organisée après de nombreuses dénonciations de la communauté tant nationale qu’internationale. La nouvelle redistribution, selon un membre actif du CNDD-FDD, vient encore une fois accentuer la persécution des opposants à l’approche des élections.
Le 4 mai dernier, lors de l’Examen Périodique Universel du Burundi organisé par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU à Génève en Suisse, le gouvernement a été appelé à désarmer les imbonerakure parce que certains parmi eux détiennent des armes à feu.