Mutanga Sud : L’imbonerakure qui a « poignardé » Macungu remis en liberté moyennant un paiement de 500 mille francs

Arrêté et relâché à de nombreuses reprises, le surnommé Museremu serait, cette fois, libéré d’une manière définitive mardi après plus de deux semaines de détention au commissariat général de la police judiciaire de JABE en mairie de Bujumbura. Accusé d’être parmi ceux qui ont poignardé André Nsengiyumva, le chauffeur de taxi, « Museremu » a été libéré après avoir payé cinq cents mille francs burundais. Mais, certains juristes estiment qu’il n’y a aucune base légale sur laquelle se serait appuyé ce paiement qui intervient suite à l’acte qui a failli coûter la vie à cet habitant du quartier Mutanga Sud. (Le Mandat)    

Le mardi, 11 avril 2023, Régis alias Museremu était libre après plus de deux semaines passées dans les cachots du commissariat général de la police judiciaire de JABE. Selon nos sources, il n’arrêtait pas de dire qu’il ne comprenait pas pourquoi ses pairs, surtout son chef au sein de la ligue des imbonerakure dans le quartier Mutanga Sud Ernest Barakamfitiye, n’étaient pas arrêtés alors qu’ils avaient « une grande part de responsabilité dans le passage à tabac et l’acte de poignarder Macungu ». L’agence de presse Le Mandat a su que « Museremu » a été libéré moyennant un paiement de 500000 francs burundais. Il est prévu qu’il s’acquitte d’un autre paiement dans les prochains jours selon nos sources. Elles révèlent également que cet argent sera donné à André Nsengiyumva alias Macungu pour ses soins de santé.

Un « arrangement » sans base légale 

Un juriste qualifie cet acte d’arrangement contre la procédure pénale qui aurait été manigancé juste pour sauver ou mieux protéger l’auteur, le coauteur ou le complice de l’infraction. « On ne peut pas justifier ce paiement parce que ce n’est pas une infraction sur plainte qui suppose que lorsque la victime l’estime nécessaire peut retirer sa plainte pour que l’action publique s’éteigne. » Selon ce juriste chevronné, l’officier de police n’a pas le droit de demander des dédommagements pour la victime ni la caution. « Le parquet n’a non plus le droit de fixer une caution non prévue par la loi. » Le juriste estime aussi que le paiement effectué n’est pas du tout une amende transactionnelle puisque l’infraction est grave. Pour le juriste, l’infraction peut porter des qualifications différentes selon les circonstances des faits notamment une tentative de meurtre ou d’assassinat ou encore de coups et blessures graves. « Dans tous les cas, le code pénal ne prévoit pas de transaction et c’est logique parce que l’on ne peut pas transiger sur des cas graves comme celui-ci. Ce serait banaliser la vie des gens. »

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Actuellement, André Nsengiyumva alias Macungu se fait soigner à domicile après plusieurs jours passés à l’hôpital Prince Régent Charles.

Les personnes qui sont accusées par la population d’avoir passé à tabac et poignardé le chauffeur de taxi André Nsengiyumva surnommé Macungu sont au nombre de 3. Ernest Barakamfitiye. C’est le dernier sur la liste des cinq conseillers du quartier Mutanga Sud. Le 18 février dernier, Ernest Barakamfitiye a été nommé chef des imbonerakure de la zone Rohero. Ce jour-là, le parti CNDD-FDD a organisé les élections dans tout le pays pour mettre en place ce nouveau poste de chef des imbonerakure dans chaque zone. Avant d’être nommé à ce poste, Ernest Barakamfitiye était le chef des imbonerakure dans le quartier Mutanga Sud. Le second sur la liste des personnes accusées de poignarder Macungu c’est Régis alias Museremu, le propriétaire du bistrot à l’intérieur duquel « Macungu » a été attaqué. On l’appelle Nyumbakumi parce que c’est aussi un administratif responsable de quelques ménages du secteur Mugoboka 2. Museremu est également membre de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, les imbonerakure. Le troisième suspect c’est Daniel. C’est un simple imbonerakure du quartier Mutanga Sud.

Certains habitants de Mutanga Sud demandent que tous les 3 soient poursuivis par la justice et que le gouvernement du Burundi assure l’assistance médicale d’André Nsengiyumva alias Macungu.