Espérance Nderetse a su que des aiguilles ont été introduites dans ses poumons lorsqu’on lui a fait une radiographie. Cette femme, qui approcherait la soixantaine, venait de passer environ deux semaines de douleurs au niveau des côtes après avoir été passée à tabac et dépouillée de son argent par les imbonerakure de la colline Gitaramuka, zone Gasave, commune Buhinyuza en province Muyinga. C’est au Nord-Est du Burundi. A l’hôpital où cette veuve est admise à Bujumbura, ces aiguilles ne sont pas encore retirées de son corps et elle ne serait plus capable d’assurer ses soins médicaux. (Le Mandat)
Espérance Nderetse vient de passer une semaine à l’hôpital militaire de Kamenge selon ses voisins de la colline Gitaramuka. Ils indiquent que, durant son séjour à l’hôpital, cette femme a déjà dépensé plus d’un million de francs burundais pour ses soins de santé et pour acheter, entre autres, les médicaments pouvant stopper la progression des aiguilles dans son corps. Ces sources indiquent que bientôt, Espérance Nderetse ne sera plus capable de payer quoi que ce soit parce que même son fils, qui a quitté sa tâche en Tanzanie pour venir l’aider, a presque tout dépensé. A l’hôpital, cette femme se plaint souvent des douleurs des poumons percés par deux aiguilles, une à droite et une autre à gauche.
Trois suspects ont été arrêtés
Lundi, 3 personnes accusées de passer à tabac et de dépouiller de son argent Espérance Nderetse ont été interrogées par la police judiciaire de la commune Muyinga qui les détient depuis samedi juste après leur arrestation. Abdoul Ndaruruhire, autorité responsable d’une dizaine de ménages communément appelée Nyumbakumi, est accusé par la population et ses co-détenus d’avoir joué un grand rôle dans la persécution de cette femme. Cet imbonerakure est également accusé d’avoir introduit de force les aiguilles dans les côtes d’Espérance Nderetse lorsqu’elle était épuisée lors du passage à tabac. L’autre suspect c’est Gabriel surnommé Chapati. C’est un conducteur de moto-taxi qui appartient aussi à la ligue des jeunes du parti CNDD-FDD. Il a également été entendu lundi par l’officier de la police judiciaire au chef-lieu de la commune Muyinga. Le troisième présumé auteur des tortures infligées à Espérance Nderetse c’est Isidore. Cet imbonerakure est également dans les mains de la police. La population de Gitaramuka signale que, même s’ils ne sont pas encore arrêtés, le chef des imbonerakure sur cette colline Dieudonné Hakizimana et un autre imbonerakure connu sous le nom de Nzutu ont également participé dans le tabassage de la veuve Espérance Nderetse.
La femme a été passée à tabac vers la fin du mois de Mars
Le 26 mars 2023, vers 20 heures 30 minutes, ces imbonerakure ont attiré Espérance Nderetse vers son champ qui était loué par Abdoul selon les témoins. C’était quelques jours après que cette femme a saisi les chefs collinaires pour dénoncer l’abattage de ses arbres sans autorisation par son locataire, signalent ces sources. Arrivés dans le champ, les imbonerakure ont accusé la femme d’avoir saccagé les plants de haricot de son locataire selon les habitants de Gitaramuka. Les imbonerakure ont alors commencé à la passer à tabac selon les témoins qui indiquent que ces imbonerakure, parmi lesquels il y avait l’autorité locale Abdoul, ont exigé à la femme de payer une « amende » de 200 mille francs. Comme elle n’avait pas cet argent, Espérance Nderetse a demandé à un voisin de lui prêter les 200 mille en lui promettant de vendre sa porcherie et rembourser 300 mille francs, avec un intérêt de 100 mille francs donc comme le rapportent les habitants de la localité de Nkekema. « Le lendemain, le 27 mars 2023, Espérance Baranderetse a vendu sa seule truie et ses 12 porcelets. Elle a aussi donné sa plaque solaire pour pouvoir rembourser toute sa dette. »
Toutes ces informations sont confirmées par les autorités collinaires de Gitaramuka. Les habitants de la localité Nkekema, où réside la victime, saluent l’attitude des autorités locales qui ont tout fait pour que ces personnes soient arrêtées et mises à la disposition de la police.
Pour le moment, les médecins administrent les médicaments qui permettraient de stopper la progression des aiguilles dans les poumons de la veuve Espérance Nderetse. Cette femme, elle, voudrait que ces aiguilles soient retirées de son corps le plus tôt possible mais elle n’est pas capable de payer l’intervention.
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