Le surnommé Macungu a été dépêché à l’hôpital vendredi, des myiases cutanées commençaient à apparaître au niveau du ventre et dans l’une des cuisses. Ce conducteur de taxi a récemment été « poignardé par trois imbonerakure dont deux font partie des administratifs du quartier Mutanga Sud » situé en zone Rohero de la commune Mukaza en mairie de Bujumbura. (Le Mandat)
Ceux qui l’ont vu la semaine dernière indiquent que, s’il n’est pas bien soigné, le surnommé Macungu va succomber à ses blessures. Il a été poignardé dans la nuit 30 au 31 janvier 2023. Les sources de l’agence de presse « Le Mandat » précisent que, ce jour-là, ce taximan rentrait de son travail après 23 heures. Il avait garé son taxi, comme à l’accoutumée, là où la route s’arrête. Mais, avant de rentrer chez lui dans le secteur Mugoboka 2, Macungu est allé prendre un verre dans le bistrot de Régis surnommé Museremu, un chef local responsable d’une dizaine de ménages. Nyumbakumi dans la langue locale. Nos sources indiquent qu’à part le propriétaire du bar, d’autres imbonerakure étaient sur place ce jour-là. Il y avait notamment Ernest Barakamfitiye. Il fait partie des cinq conseillers du quartier Mutanga Sud. Cinquième sur la liste des membres du conseil de ce quartier. D’autres imbonerakure étaient Daniel, Méthode qui travaille au BBN (Bureau Burundais de Normalisation et Contrôle de la Qualité) et Claude.
Macungu n’a pas fini son verre
Dans moins de dix minutes, ces imborakure ont commencé à lui demander de leur offrir un verre. Nos sources rapportent que Macungu leur a répondu qu’il n’avait pas d’argent. Et l’un des imbonerakure lui a alors dit: »Abatutsi bo ngaha musigaye mwigira ibikoko. » [Les Tutsi d’ici vous vous croyez puissants, supérieurs aux autres]. Macungu aurait alors commencé à dire qu’offrir un verre à quelqu’un n’est jamais obligatoire et que l’histoire d’ethnies des uns et des autres n’avait pas de place dans la conversation. C’était le début des disputes selon nos sources qui indiquent que Museremu, Ernest et Daniel ont, par la suite, passé à tabac Macungu. Ils l’ont ensuite poignardé au niveau du ventre. Le couteau a également transpersé l’une de ses cuisses jusqu’à frôler les testicules.
Macungu refoulé du bar
Après avoir poignardé Macungu, ses bourreaux l’ont jeté à l’extérieur de ce bistrot situé à environ 500 mètres de son domicile. Nos sources indiquent Macungu qu’il boitait lorsqu’il se dirigeait vers son domicile. Sa femme a été alerté par sa démarche et le sang qui coulait lorsqu’il s’est introduit dans l’habitation familiale. C’était aux environs de minuit.
Selon les témoins, sa femme a immédiatement alerté les voisins pour l’aider à le conduire dans une structure de santé. « Ils l’ont emmené au centre de santé de Mugoboka mais ils ont refusé de le recevoir compte tenu de la gravité de ses blessures. Ils l’ont transporté sur une civière jusqu’à l’endroit où la route s’arrête avant de le conduire à l’Hôpital Militaire de Kamenge. » L’une de nos sources signalent que Macungu a passé une seule nuitée à l’Hôpital Militaire de Kamenge à cause du manque de frais de caution. Le taximan a ensuite été transféré à l’Hôpital Roi Khaled où il a passé quelques jours avant d’être acheminé à son domicile. La famille n’avait pas assez d’argent pour payer ses soins de santé.
Des myiases dans ses plaies
Après quelques jours, des myiases des plaies commençaient à être visibles surtout sur la cuisse blessée de Macungu selon les témoins. Ils signalent que la famille n’a pas assez d’argent pour le faire soigner. Les voisins expliquent que la femme de Macungu vend des avocats dans le secteur Mugoboka 1. Ils ont 3 enfants. Selon les mêmes sources, certains habitants du quartier Mutanga Sud avaient l’habitude d’apporter la nourriture à la famille de Macungu ces derniers jours. « C’est une famille qui cohabite bien avec les voisins. »
Vendredi, le propriétaire de la voiture-taxi qu’utilisait Macungu a décidé de payer les soins de santé de Macungu et ce dernier a été admis de nouveau dans une structure de santé de Bujumbura. Mais, selon nos sources, Macungu risque de quitter encore une fois la structure de santé avant son rétablissement à cause de l’insuffisance des frais de santé.
La colère contre le chef de la zone Rohero et l’administrateur de la commune Mukaza
Le 31 janvier 2023, le lendemain de l’incident, l’imbonerakure surnommé Museremu a été brièvement détenu dans le cachot de la zone Rohero avant d’être relâché selon nos sources. Elles rapportent aussi que le chef de la zone Rohero Fulgence Sindayihebura, en compagnie d’un autre imbonerakure Ernest Barakamfitiye, faisait des va-et-vient à Mugoboka pour convaincre la famille et les voisins de régler l’affaire à l’amiable. Certains habitants de Mutanga Sud indiquent qu’ils ont même sollicité l’intervention de l’administrateur de la commune Mukaza Rénovat Sindayihebura mais qu’il les a repoussés.
La rédaction de l’agence de presse Le Mandat n’a pas pu joindre le chef de la zone Rohero Fulgence Sindayihebura. De son côté, l’administrateur de la commune Mukaza Rénovat Sindayihebura nous avait promis de nous parler après la réunion de la matinée de jeudi mais il est devenu injoignable jusque dans la soirée.
Nous n’avons pas, non plus, pu joindre Ernest Barakamfitiye, Daniel et Régis alias Museremu.
Les habitants de Mutanga Sud réclame justice, et les soins de santé pour Macungu
Les personnes qui sont accusées par la population d’avoir passé à tabac et poignardé le chauffeur de taxi surnommé Macungu sont au nombre de 3. Leur chef Ernest Barakamfitiye. C’est le 5ème sur la liste des conseillers du quartier Mutanga Sud. Samedi, le 18 février, Ernest Barakamfitiye a été nommé chef des imbonerakure de la zone Rohero. Ce jour-là, le parti CNDD-FDD a organisé les élections dans tout le pays pour mettre en place ce nouveau poste de chef des imbonerakure dans chaque zone. Avant d’être nommé à ce poste, Ernest Barakamfitiye était le chef des imbonerakure dans le quartier Mutanga Sud. Le second sur la liste des personnes accusées de poignarder Macungu c’est Régis alias Museremu, le propriétaire du bistrot. On l’appelle Nyumbakumi parce que c’est aussi un administratif responsable de quelques ménages du secteur Mugoboka 2. Museremu est également membre de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, les imbonerakure. Le troisième suspect c’est Daniel. C’est un simple imbonerakure du quartier Mutanga Sud.
Certains habitants de Mutanga Sud demandent que la justice fasse son travail comme il faut et que le citoyen Macungu obtienne une assistance médicale efficace.
Le chauffeur de taxi surnommé Macungu a été poignardé et passé à tabac cinq jours seulement après la visite du premier ministre à Mukaza où il a évoqué la mauvaise gouvernance qui caractérise cette commune de la mairie de Bujumbura. Ce jour-là, le premier ministre Gervais Ndirakobuca avait promis que le gouvernement du Burundi allait privilégier la protection de tous les citoyens et les punitions à l’égard des auteurs des crimes sans distinction.