Burundi-UE : Les sanctions à l’égard de Ndakugarika levées après plus d’une année de lobbyings

Lundi, l’Union européenne a finalement décidé de lever les sanctions contre Gervais Ndirakobuca après plus d’une année d’hésitations. L’actuel premier ministre était sur la liste de quatre personnalités sanctionnées par les 27 depuis 2015. A part que l’impact de ces sanctions n’était pas ressenti, l’Union Européenne ne pouvait pas continuer de se priver de la collaboration d’un partenaire de taille. (Le Mandat)

Les sanctions qui empêchaient Gervais Ndirakobuca alias Ndakugarika de voyager sur le territoire des 27 l’ont peu ou pas affecté au cours des sept dernières années. Cette absence d’impact est l’une des raisons qui ont poussé les Européens à abandonner ces sanctions. Au cours de l’année 2021, les organisations nationales et internationales qui plaidaient pour la révocation des sanctions européennes à l’égard de Gervais Ndirakobuca alias Ndakugarika avançaient son humilité envers différents partenaires du Burundi. Ces organisations et certains diplomates, qui proposaient d’ignorer son passé, le présentaient comme un ministre pragmatique.

A l’époque, un haut responsable d’une organisation internationale qui appuie les médias au Burundi insistait sur le fait que son vaste ministère de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique, restait leur partenaire privilégié avec lequel il fallait tout faire pour renouer les  bonnes relations et la confiance. Aujourd’hui, avec son poste de premier ministre, Gervais Ndirakobuca est le chef du gouvernement et coordonne les activités de tous les ministères. C’est la seconde raison qui a précipité la levée des sanctions européennes à son encontre.

Gervais Ndirakobuca alias Ndakugarika est accusé « d’avoir fait obstacle à la recherche d’une solution politique au Burundi en donnant des instructions qui ont entraîné un recours disproportionné à la force, des actes de violence, des actes de répression et des violations du droit international des droits de l’homme à l’encontre des manifestants dans le cadre des manifestations qui ont débuté le 26 avril 2015, à la suite de l’annonce de la candidature du président Nkurunziza à l’élection présidentielle, notamment les 26, 27 et 28 avril 2015 dans les quartiers de Nyakabiga et Musaga à Bujumbura ». Il était, à l’époque, chef de cabinet à la Présidence chargé des questions liées à la police nationale.

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Lors de la levée de ces sanctions qui concerne 3 Burundais, l’UE s’est félicitée de « l’intensification, au cours des deux dernières années, des relations avec le Burundi dans les domaines des droits de l’homme, de la bonne gouvernance et de l’État de droit », et a rappelé les engagements pris par le gouvernement burundais dans ces domaines, comme le prévoit le dialogue politique UE-Burundi. L’UE a aussi réaffirmé qu’elle était prête à soutenir activement les efforts des autorités burundaises.

Toutefois, l’UE s’est dit « vivement préoccupée par le fait que des défis majeurs restent sans réponse ni solution, comme l’indique la résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU adoptée le 7 octobre 2022″. Dans son communiqué, l’UE a également demandé instamment au Burundi de coopérer pleinement avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, les organes de traités sur les droits de l’homme et le rapporteur spécial de l’ONU.

Dans ce communiqué relatif à la révocation des sanctions à l’égard des 3 Burundais, l’Union Européenne a également invité le gouvernement burundais à « traduire ses engagements en actions efficaces et concrètes visant à améliorer la situation des droits de l’homme et de l’État de droit dans le pays, y compris en ce qui concerne les droits politiques et civils, la protection des défenseurs des droits de l’homme, la libération des prisonniers politiques, la facilitation du retour et de la réintégration des réfugiés et la garantie de l’indépendance du pouvoir judiciaire ainsi que de l’obligation de rendre des comptes pour les violations des droits de l’homme commises par des acteurs étatiques et non étatiques, et la lutte contre la corruption ».

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D’autres Burundais qui ont bénéficié de la levée des sanctions de l’Union Européennes sont le chargé de missions de la Présidence Godefroid Bizimana et le « putschiste » Léonard Ngendakumana.

L’ancien directeur général adjoint de la police Godefroid Bizimana est accusé par l’Union Européenne « d’avoir porté atteinte à la démocratie en prenant des décisions opérationnelles qui ont entraîné un recours disproportionné à la force et des actes de répression violente à l’égard des manifestations pacifiques qui ont commencé le 26 avril 2015 après l’annonce de la candidature du président Nkurunziza à l’élection présidentielle ».

Léonard Ngendakumana, lui, est accusé par l’Union Européenne « d’avoir fait obstacle à la recherche d’une solution politique au Burundi en participant à la tentative de coup d’État du 13 mai 2015 en vue de renverser le gouvernement du Burundi ». Selon l’Union Européenne, l’ancien chargé de missions de la Présidence est également responsable d’actes de violence et attaques à la grenade commis au Burundi, ainsi que d’incitations à la violence. Le général Léonard Ngendakumana a publiquement déclaré qu’il approuvait la violence en tant que moyen d’atteindre des objectifs politiques, signalent les 27.

Un seul Burundais reste sur la liste des sanctions de l’Union Européenne jusqu’au 31 octobre 2023. L’agent du Service National de Renseignement Mathias Joseph Niyonzima alias Kazungu est accusé par l’Union Européenne « d’avoir fait obstacle à la recherche d’une solution politique au Burundi en incitant à la violence et à des actes de répression pendant les manifestations qui ont commencé le 26 avril 2015 à la suite de l’annonce de la candidature du président Nkurunziza à l’élection présidentielle ». Selon l’Union Européenne, Kazungu est également responsable « d’avoir aidé à former les milices paramilitaires Imbonerakure, à coordonner leur action et à les armer, y compris à l’extérieur du Burundi, ces milices étant responsables d’actes de violence, de répression et de graves atteintes aux droits de l’homme au Burundi ».

Un mois avant la levée des sanctions à l’égard de ces trois Burundais, le président Evariste Ndayishimiye a déclaré qu’il avait eu la promesse de la part d’un des responsables de l’Union Européenne.