La guerre contre le M23 est-elle suffisante pour accepter le Burundi à la SADC ?

Dans sa déclaration devant les parlementaires zambiens ce vendredi, le président de la République du Burundi a affiché son souhait de voir son pays adhérer à la SADC, la Communauté de Développement de l’Afrique Australe. Dans ses arguments, Evariste Ndayishimiye a brandi la situation géographique du Burundi et sa participation dans la guerre contre le M23, le Mouvement du 23 Mars, à l’Est de la République Démocratique du Congo. (Le Mandat)

« Mon pays reste naturellement préoccupé par la situation d’insécurité dans la région notamment à l’Est de la République Démocratique du Congo, avec la résurgence des forces négatives dont le M23. » A lancé le président Evariste Ndayishimiye expliquant que le Burundi jouait convenablement son rôle dans la promotion de la paix et de la sécurité dans la région et dans le monde. Dans son discours prononcé à l’assemblée nationale de la Zambie vendredi, le second jour de sa visite dans ce pays, le chef de l’Etat burundais a également dit apprécier fortement la contribution de la Zambie pour rétablir la paix et la sécurité en RDC à travers la SADC. « Comme voisins de la RDC, la Zambie et le Burundi ont un rôle permanent à jouer parce que l’insécurité en RDC affecte négativement et le Burundi et la Zambie sur différents niveaux notamment en ce qui concerne l’afflux des réfugiés, le trafic illégal des armes, les crimes transfrontaliers, etc … » Pour défendre le besoin de l’adhésion du Burundi à la SADC, le numéro un burundais a évoqué aussi l’importance d’une lutte commune. « Dans le cadre de la mise en commun des efforts régionaux, le Burundi a l’intention de rejoindre la SADC dont il est déjà membre géographiquement. » Evariste Ndayishimiye s’est expliqué. « Vous savez que nous sommes situé entre deux grands Etats membres de la SADC, la RDC et la Tanzanie, et que nous partageons le lac Tanganyika avec trois Etats membres de la SADC. » Et d’ajouter que le rôle de l’armée burundaise à l’Est de la République Démocratique du Congo était crucial. « Et en vue de restaurer la paix en RDC, nous travaillons dur ensemble avec la SADC. »

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Ces déclarations du chef de l’Etat burundais sont faites à la veille du début du cessez-le-feu entre les parties en conflit en RDC signé le 30 juillet par le gouvernement de la RDC et le gouvernement du Rwanda sous la médiation de l’Angola. Le cessez-le-feu qui entre en vigueur ce dimanche 4 août 2024 à minuit, heure locale, sous la supervision du Mécanisme de Vérification Ad-Hoc renforcé par les experts du renseignement des trois pays et d’autres entités, le cas échéant.

Ces déclarations d’Evariste Ndayishimiye surviennent aussi environ cinq ans après l’échec d’adhésion du Burundi à la SADC pour n’avoir pas rempli les conditions exigées. En 2019, la candidature du Burundi, déposée depuis 2017, a été rejetée pour « non-résolution du processus démocratique dans ce pays ». A l’époque, la SADC a également évoqué « les contre-accusations entre le Burundi et le Rwanda concernant une ingérence dans les affaires intérieures de part et d’autre ».

Selon l’article 4 du traité de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe, la SADC et ses Etats membres agissent conformément aux cinq principes notamment l’égalité souveraine de tous les Etats membres; la solidarité, la paix et la sécurité; les droits de l’homme, la démocratie et l’état de droit; l’équité, l’équilibre et le bénéfice mutuel; ainsi que le règlement pacifique des différends.

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Lors la visite de trois jours du président burundais en Zambie, plusieurs accords bilatéraux ont été signés  notamment dans le commerce, l’agriculture, la protection sociale, la protection de l’enfance et des systèmes de développement avant sa participation au 96ème Salon de l’Agriculture et du Commerce de la Zambie. Le président du Burundi Evariste Ndayishimiye a également apporté à son homologue zambien Hakainde Hichilema 5000 tonnes de maïs, de haricots et de riz. « En tant que voisin, nous avons appris que la Zambie a récemment connu une sécheresse qui a considérablement réduit la production agricole dans certaines régions. En signe de solidarité et dans l’esprit des valeurs d’Ubuntu, le gouvernement et le peuple burundais ont décidé de faire un don de 5 000 tonnes de maïs, de riz et de haricots. Ce don est certes modeste mais il provient du fond de nos coeurs en solidarité avec le peuple zambien. » A déclaré le président Ndayishimiye devant les parlementaires zambiens.