Alors que le parti CNDD-FDD commémorait, il y a quelques jours, le septième anniversaire de l’assassinat de Lieutenant Général Adolphe Nshimirimana, une partie de la population reste confuse quant au mobile et à la vraie identité des auteurs de l’embuscade qui a coûté la vie à l’ancien patron du service national de renseignement. Parlant des auteurs de cet assassinat le jour de l’anniversaire, le secrétaire général du parti présidentiel a évoqué un front commun soutenu par les occidentaux. Le Mandat s’est focalisé sur l’assaut final.
Des militaires de l’armée régulière et des civils ont participé à l’élimination physique d’Adolphe Nshimirimana, rapportent nos sources. Les membres des différentes catégories des Burundais, qui ont participé à l’organisation de ce crime, étaient convaincus qu’Adolphe Nshimirimana était la pièce maîtresse du système Nkurunziza. Le système qui, selon eux, orchestrait des tueries, enlèvements, arrestations arbitraires, tortures, et d’autres crimes qui s’étaient intensifiés avec la contestation du troisième mandat du président de la République. Les assaillants étaient convaincus aussi qu’Adolphe Nshimirimana avait joué un rôle central dans l’échec du coup-d’Etat du 13 mai 2015. Son élimination était donc censée déboulonner le système qui voulait s’éterniser au pouvoir en faisant souffrir le peuple burundais, rapportent nos sources.
Le 2 août 2015, une date favorable
Ce jour-là, le lieutenant général Adolphe Nshimirimana devait participer à une réunion organisée par le président de la République à Gitega et le commando chargé de l’opération était au courant selon nos sources. Les déplacements de l’ancien patron de la documentation depuis son domicile à Kigobe étaient suivis et renseignés selon ces sources. Armés de lance-roquettes, de mitralleuses kalashnikov et d’un pistolet, six militaires portant des bérets verts s’étaient déjà pointés aux alentours de la gare du Nord à 7 heures du matin et faisaient semblant de sécuriser l’itinéraire comme si une haute autorité allait passer par là selon les mêmes sources.
Le tireur de la roquette
C’est ce militaire, positionné au Nord de l’hôpital Roi Khaled, qui a visé le premier la camionnette d’Adolphe Nshimirimana lorsqu’elle clignotait pour prendre la Route Nationale numéro 1 selon nos sources. Elles expliquent que le Toyota Hilux double cabine était à la jonction de la RN1, du boulevard du 28 novembre devenu aujourd’hui le boulevard Mwezi Gisabo qu’il voulait quitter, et du boulevard Mwambutsa. L’une de nos sources explique que le tireur de la roquette aurait commis une erreur technique qui a empêché une grande explosion au point d’impact. La roquette a, tout de même, immobilisé le véhicule, rapporte toujours nos sources.
Trois autres lanceurs d’assaut
Ces trois militaires ont attaqué le véhicule immobilisé avec leurs mitrailleuses kalashnikov selon nos sources. Deux d’entre eux étaient en face du pare-brise et étaient responsables des rafales dont les impacts étaient visibles sur le véhicule. C’est le troisième qui a tiré plusieurs balles de son pistolet sur le lieutenant général Adolphe Nshimirimana pour s’assurer qu’il était réellement mort, rapportent nos sources. Ces dernières indiquent aussi qu’Adolphe avait pu ouvrir la porte mais qu’il n’était pas parvenu à sortir du véhicule. Une autre source nous a confié qu’au moment où les balles sifflaient de tous les côtés, Adolphe a dit à ses compagnons « Baratwishe basha » pour dire « ils nous tuent ». Ses Agents de Transmission Jean Bosco Masabarakiza et Ciza ont également péri dans l’attaque.
Le guetteur
Nos sources affirment qu’il y avait un militaire qui était chargé de vérifier s’il n’y avait aucune intervention des forces de l’ordre. Il était chargé d’assurer une couverture en cas de besoin selon ces sources qui précisent qu’il n’a tiré aucune balle de sa mitrailleuse kalashnikov jusqu’à la fin de l’opération.
Le chauffeur
Ce militaire a évacué toute l’équipe selon nos sources qui indiquent qu’il y avait des civils qui s’étaient ensuite chargés de détruire le véhicule à Bujumbura.
Nos sources affirment qu’à Gitega, il y avait un autre groupe de militaires qui attendait le lieutenant général Adolphe Nshimirimana au cas où il aurait échappé à l’embuscade de Bujumbura.
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Sept ans plus tard, le 2 août dernier, dans son discours adressé aux Bagumyabanga présents à Nyabagere Conference Center, le secrétaire général du CNDD-FDD a dit que le fait que différentes parties ont fait un front commun pour assassiner Adolphe Nshimirimana prouve qu’il était puissant. « Quand tout le monde se coalise pour te faire disparaître, ça signifie que tu es puissant. Parce qu’en analysant comment ça s’est passé, ce n’est pas une seule personne qui a préparé le coup. C’est une longue histoire ». Révérien Ndikuriyo a, par ailleurs, semblé accuser les occidentaux, sans précisions, d’avoir joué un important rôle dans l’assassinat de l’ancien chef des services secrets burundais. « Comment expliquez-vous qu’un blanc vienne dans mon bureau et me demande celui qui dirige les imbonerakure comme le général Nshimirimana a été éliminé? ». Sur un ton grave, le secrétaire général du parti au pouvoir a continué à raconter à la foule ce qui se serait passé il y a sept ans. « Je lui ai demandé, est-ce que c’était le général Nshimirimana qui dirigeait les imbonerakure? Vous, les occidentaux, vous avez des services de renseignement les plus avancés dans le monde mais vous pensiez vraiment que c’était le général qui dirigeait les imbonerakure? Ne voyez-vous pas que, vous aussi, vous êtes en décadence et que vous ne connaissez plus la vérité? Je lui ai répondu comme ça. Est-ce que vous pensez que le type allait me contredire alors qu’il était dans mon bureau? Ceci pour dire que lorsqu’un événement se produit ici, ce n’est pas ici en réalité. C’est qu’il y a une longue chaîne de commandement ».
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Le 3 août 2015, le président Pierre Nkurunziza a adressé un message à la Nation dans lequel il donnait seulement 7 jours aux forces de l’ordre pour que « ces malfaiteurs soient connus, arrêtés et conduits devant la justice ». Les arrestations en cascade des militaires et des policiers issus de l’ancienne armée régulière, les ex-FAB (Forces Armées Burundaises), s’en sont suivies. Les exécutions extra-judiciaires aussi. Le 13 décembre 2016, le policier Rénovat Nimubona qui était détenu à Gitega dans l’affaire de l’assassinat de Lieutenant Général Adolphe Nshimirimana, a été exécuté par le régime CNDD-FDD selon nos sources malgré la version de la police à l’époque.