Burundi : Un chef-imbonerakure entre la vie et la mort

Il vient de passer une semaine dans le coma à l’Hôpital Prince Régent Charles. Le chef des imbonerakure du quartier Kigwati de la zone Nyakabiga aurait provoqué un agent du Service National de Renseignement et ce dernier l’aurait fracassé. A l’origine, c’était la patrouille des imbonerakure dans la petite matinée de mercredi de la semaine passée. Nos sources estiment que si le chef des imbonerakure de Kigwati Ladeck parvenait à survivre, ce serait un miracle. (Le Mandat)

Dans la salle commune numéro 36 de l’Hôpital Prince Régent Charlès, le dénommé Ladeck ne bouge presque plus selon les témoins. Cet imbonerakure, qui fait partie des collecteurs des taxes en mairie de Bujumbura, ne parle pas non plus. Avec des pansements enveloppant un crâne déformé sur le côté droit, le chef de la ligue des jeunes du CNDD-FDD de Kigwati est alimenté par intraveineuse depuis quelques jours dans cette salle de six lits. Certains militants du parti au pouvoir de Nyakabiga et des policiers en tenues civiles lui rendent régulièrement visite selon nos sources.

Tout commence lors d’une patrouille nocturne

Deux imbonerakure de Kigwati et leur chef Ladeck croisent Petit lors d’une patrouille dans le quartier Nyakabiga 3, plus précisément à la 10ème avenue. Il est presque deux heures. Petit, le gérant du bar « La diffusion » situé à la cinquième avenue du même quartier en face du campus Mutanga de l’université du Burundi, est à moins de dix mètres de chez lui. Il vient de rentrer, comme à l’accoutumée, après le départ du dernier client du business de son père, retraité de l’armée. Les trois imbonerakure, portant un long bâton, l’arrêtent et commencent à le passer à tabac selon les dires de Petit devant le chef du quartier Nyakabiga 3. Nos sources indiquent que Petit arrive à fuir et se dirige vers la 9ème avenue et qu’il commence à crier au secours devant le portail du chef du quartier Nyakabiga 3 Bonaventure Ndayishimiye. Petit explique au chef de quartier et aux autres habitants du quartier, sortis de leurs maisons, qu’il ne sait pas pourquoi les trois individus le pourchassent. « Il était sur le point d’escalader un mur. Nous devons le corriger », réplique l’un des imbonerakure selon les témoins. Malgré plusieurs tentatives, le chef de quartier ne parvient pas à convaincre les imbonerakure de partir selon nos sources.

Un « agent de la documentation » et un policier

Une personne qui serait un agent du Service National de Renseignement et un policier, à bord d’une voiture, passent par là. Les disputes se poursuivent. Ils prennent le temps de déposer la voiture chez « l’agent de la documentation » pour revenir ensuite sur les lieux. Après la confiscation d’un bâton utilisé à tour de rôle par les imbonerakure pour frapper quiconque ose plaider pour Petit, « l’agent du SNR » est très nerveux. Les imbonerakure aussi. « C’est, chaque fois, le chef de quartier Bonaventure et le policier qui calment la situation lorsqu’ils tentent d’en venir aux mains », nous rapporte un témoin. « L’agent de la documentation » ne cesse de dire aux imbonerakure qu’ils ont dépassé leur zone lors de la patrouille selon les témoins.

Le coup « fatal »

Après environ une heure de bras de fer, « l’agent de la documentation » dit à tous ceux qui sont sur place de rentrer dans leurs ménages selon nos sources. Petit en profite pour déguerpir selon les mêmes sources. Mais, lorsque « l’agent de la documentation » prend la 8ème avenue pour rentrer chez lui en compagnie du policier, les trois imbonerakure les suivent selon nos sources. Quelques minutes plus tard, Ladeck est retrouvé entrain de hurler de douleurs au sol. « Après environ cinq minutes, nous avons entendu des cris. Arrivés sur place, la tête du jeune homme portait une grande ouverture et saignait beaucoup. Nous ne savons pas ce qui s’est réellement passé mais ses deux amis avaient pris la fuite », raconte un habitant de Nyakabiga.

« L’agent de la documentation » est détenu

Il était prévu que ce jeudi, « l’agent du Service National de Renseignement » soit transféré, sur instruction d’un Officier de la Police Judiciaire de Nyakabiga, au commissariat municipal de la police, ex-BSR (Bureau Spécial de Recherche). Il vient de passer environ cinq jours dans les cachots de la zone Nyakabiga après avoir été arrêté par le chef de poste de police de cette zone situé dans la commune Mukaza en mairie de Bujumbura. Le policier, lui, a été relâché par le chef de poste vendredi selon nos sources.

Le bar « La diffusion » fonctionne timidement à l’absence de son gérant

Certains employés du bar ont peur selon nos sources. Ils racontent qu’ils ne savent pas où est Petit actuellement après avoir reçu un appel téléphonique du chef de la zone Nyakabiga Gervais Ndihokubwayo. Nos sources nous signalent que l’œil droit de Petit est grièvement blessé après avoir été passé à tabac par les trois imbonerakure. Elles rapportent aussi que ses bras portent également des blessures. Selon nos sources, le propriétaire du bar « La diffusion », qui réside à l’intérieur du pays, est dans la ville de Bujumbura depuis quelques jours pour suivre de près la situation.

Contacté par téléphone, le chef de la zone Nyakabiga Gervais Ndihokubwaho a refusé de s’exprimer sur le dossier.

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One thought on “Burundi : Un chef-imbonerakure entre la vie et la mort”

  1. Petit ou Ladeck? Qui a ete tabassé? Pourquoi l agent du SNR et le policier sont arretés? L histoire n est pas vraiment clair

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