Ces motifs ne figurent pas dans le récent communiqué final du Conseil de l’Union Européenne mais certains d’entre eux sont parmi les motivations avancées par les 27 avant la décision finale. Parmi ces raisons qui ont poussé l’Union Européenne à lever les sanctions à l’égard du Burundi figurent leur inefficacité et la géopolitique. (Le Mandat)
En plus des raisons avancées dans la décision du 8 février dernier, d’autres justifications pour la levée des sanctions à l’égard du Burundi étaient déjà mises en évidence par le Conseil au début du mois de janvier dans la proposition issue des conclusions des consultations avec le Burundi au titre de l’article 96 de l’accord de Cotonou qui lie l’Union Européenne à l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
Le positionnement de l’UE au Burundi
Selon le Conseil de l’Union Européenne, cette initiative de levée des sanctions à l’égard du Burundi poursuit l’objectif de l’Union en matière d’action extérieure et contribue à la priorité politique « L’Union Européenne en tant qu’acteur mondial fort ». Selon le Conseil, la révocation des sanctions devrait accroître l’influence de l’Union Européenne et renforcer sa position au Burundi par rapport aux autres acteurs mondiaux. « Le Burundi est également un bon point stratégique pour avoir un œil sur la région des Grands Lacs », signale un analyste. Après la levée des sanctions, le Conseil espère aussi l’instauration de la confiance entre l’Union Européenne et le Burundi et la normalisation des relations, le renforcement des forces positives au sein des structures burundaises du pouvoir, ainsi que la tenue du dialogue politique entre les deux parties sur des sujets sensibles.
L’inefficacité des sanctions
Ce point n’est pas évoqué par le Conseil de l’Union Européenne mais il est évident que le régime CNDD-FDD a su s’adapter tant bien que mal à l’absence de l’aide directe de l’Union pendant environ 6 ans. La pression de la société civile, de l’opposition politique, et de l’opposition armée n’a pas été assez suffisante pour pouvoir peser sur l’échiquier. Gitega n’a par ailleurs mis en application que partiellement ou pas du tout la plupart des conditions exigées par l’Union Européenne depuis 2016. Pour ne pas continuer de perdre le terrain en faveur des Américains, des Russes, des Chinois et d’autres, l’Union Européenne a décidé d’abroger ces sanctions inefficaces et de continuer à soulever certaines questions dans le cadre du dialogue politique avec le Burundi en vertu de l’article 8 de l’accord de Cotonou.
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C’est notamment l’amélioration de la bonne gouvernance, de l’état de droit, des droits de l’homme, du climat des affaires. Selon l’Union Européenne, c’est la base nécessaire au développement durable. Il y a aussi la libération des prisonniers politiques, le retour des membres de l’opposition et de la société civile. L’espace politique doit être ouvert et apaisé, avec l’objectif de parvenir à la réconciliation selon l’Union Européenne. Elle devrait également exiger des efforts continus pour renforcer la liberté des médias. Parmi les exigences, il devrait y avoir aussi la réduction des arrestations arbitraires, un meilleur contrôle par les autorités compétentes des groupes politiques violents. Ici, l’Union Européenne cite les Imbonerakure. L’Union Européenne devrait également exiger l’amélioration de la responsabilité et de la transparence de certaines activités du Service National des Renseignements (SNR), la réforme du système judiciaire, ainsi que la séparation entre l’Etat et le Parti CNDD-FDD. La dernière exigence c’est le respect de l’indépendance de la société civile ou organisations non gouvernementales.
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Pour inciter le gouvernement du Burundi à faire de nouveaux progrès sur ces points, le groupe de travail de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique a souligné l’importance de maintenir les mesures restrictives à l’encontre des hautes personnalités.
La levée des sanctions économiques à l’égard du gouvernement du Burundi a été effective un mois après l’accession à la présidence du Conseil de l’Union Européenne par la France. Dans son discours devant les députés européens le 19 janvier dernier, Emmanuel Macron a présenté l’Afrique comme un continent très stratégique pour l’Union Européenne.