CNL ou Congrès Non Libre du Burundi

Le congrès national du CNL, qui a mis en place le comité central de ce parti , n’a rien changé sur l’attitude des membres du parti au pouvoir envers les fidèles d’Agathon Rwasa. Le lendemain de cette rencontre de samedi, les membres du Congrès National pour la Liberté de Rukira n’ont pas eu droit au répit. Trois morts en deux jours seulement.

L’enterrement de deux membres du CNL, qui ont succombé à leurs blessures ce mardi, est programmé ce mercredi. Celui qui a rendu l’âme lundi a été enseveli ce mardi. Un enterrement suivi de l’arrestation par la police d’un autre membre du Congrès National pour la Liberté.

Au total, neuf militants du CNL ont été admis dans les structures de santé à Muyinga après leur passage à tabac attribué aux imbonerakure en complicité avec certains administratifs.

Les affrontements ont démarré le dimanche

La colline Rukira, situé dans la commune Butihinda, province Muyinga, a été le théâtre des affrontements entre les membres du CNL et les Imbonerakure du CNDD-FDD dimanche, le lendemain du congrès national du parti d’Agathon Rwasa à Bujumbura. Certains imbonerakure avaient planifié de se rendre à Rukira pour intimider et passer à tabac la population dissidente qui ne se précipite plus dans les réunions du parti présidentiel.

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En plus d’un effectif non négligeable  des membres du CNL sur cette colline et les collines environnantes, la population de Butihinda est, d’une manière générale, frustrée à cause de l’interdiction par le régime d’exploiter les mines, l’une des meilleures sources de revenus pour cette population.

Les membres du CNL ont résisté

La population de la colline Rukira était déjà informée de la visite des imbonerakure. Certaines autorités de la colline avaient même conseillé les membres de l’opposition de se cacher pour éviter d’avoir des ennuis. Mais certains membres du CNL ont décidé de se préparer pour pouvoir faire face à ces membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir. A l’arrivée de ces imbonerakure dirigés par un certain Saidi Nyamarushwa, le directeur de l’ECOFO Butihinda Léonidas Ruberinkindi,  et le chef provincial des imbonerakure Shabani Nimubona, les CNL étaient déjà aux aguets. Les imbonerakure qui avaient des gourdins ont ensuite fait des patrouilles sur la colline et ont commencé à passer à tabac certains habitants dont certains membres du CNL selon les sources sur place.

Mais ils se sont heurtés à la résistance des jeunes du CNL qui étaient également en surnombre. Après quelques minutes d’affrontements, la police est intervenue et a tiré en l’air pour disperser les deux groupes. Les imbonerakure ont alors décidé de se replier, l’une de leurs motocyclettes endommagée.

Le retour des imbonerakure a été fatal

Les imbonerakure sont revenus sur la colline Rukira pendant la soirée avec des renforts venus de plusieurs collines environnantes. Ils ont fouillé maison par maison et ont sérieusement passé à tabac tous ceux qu’ils suspectaient d’avoir participé à la résistance de la journée.

Jusque dans la journée de mardi, trois membres du CNL avaient déjà rendu l’âme suite aux coups et blessures leur infligés par les imbonerakure du parti au pouvoir.

Un analyste politique qualifie le CNL de Congrès Non Libre. Selon lui, la liberté recherchée par le parti d’Agathon Rwasa reste difficile à atteindre.

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Les propos de cet analyste rejoignent ceux de l’analyste en droit international, Méthode Ndikumasabo, qui estime qu’il n’y aura pas de répis pour ce parti politique.  »Vous vous rappelez bien les péripéties que Rwasa a connues au point qu’il se résolve à créer le nouveau parti. Rwasa jouit de la grande notoriété auprès de la population surtout hutu. Ce nouveau parti est donc un concurrent de taille du CNDD-FDD pour les élections prévues en 2020. Cette chasse-à-l’homme contre les membres du CNL vise, à mon avis, à prévenir que le parti s’implante dans la population. En verouillant l’espace politique, le CNDD-FDD vise, en réalité, à rester maître du jeu pour les élections en vue », a souligné Méthode Ndikumasabo sur les ondes de la radio RPA le 6 avril dernier.

Le ministère de l’intérieur accuse le CNL d’organiser des réunions illégales puisque ce parti n’a pas encore présenté aux administratifs ses organes au niveau des provinces, communes et collines. Un prétexte pour les malmener, selon Agathon qui nie l’organisation de ces réunions évoquées.

Le gouverneur de la province Muyinga a convoqué une réunion de sécurité dans la commune Butihinda ce mercredi.

Depuis le mois de mars, dans tout le pays, le Congrès National pour la Liberté a été victime de plusieurs violations dont une centaine d’arrestations, des disparitions et des assassinats de ses membres.