Le Burundi, « le pays à mettre sous surveillance à la veille des échéances électorales »

Le contexte sécuritaire volatile, l’impunité généralisée des auteurs des violations des droits de l’homme et le verrouillage de l’espace civique font partie des caractéristiques du Burundi dans cette période pré-électorale selon le Rapporteur Spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans ce pays de l’Afrique de l’Est. De son côté, le gouvernement burundais estime que ce mécanisme des Nations Unies sur le Burundi n’avait pas le droit d’exister et que, par conséquent, il est appelé à disparaître. Plusieurs pays et organisations étaient représentés, ce 4 juillet, dans cette partie du 4ème thème de la 25ème réunion de la 56ème session régulière du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. (Le Mandat)

Fortuné Gaetan Zongo a accusé la police, le service national de renseignement et la milice Imbonerakure d’être impliqués dans la violation des droits de l’homme dans un pays marqué par un « contexte sécuritaire volatile » et une « impunité généralisée ». Dans sa mise à jour orale, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Burundi a également parlé d’un espace civique verrouillé; d’arrestations, de détentions arbitraires, de harcèlements et d’intimidations des journalistes et des représentants de la société civile ainsi que d’un contexte économique difficile caractérisée par une forte inflation, une forte dévaluation de la monnaie locale et une pression fiscale élevée limitant le pouvoir d’achat des ménages. Il s’observe aussi, au Burundi, des pénuries de carburant, de sucre et d’eau ainsi que les coupures récurrentes d’électricité, signale Fortune Gaetan Zongo. Le rapporteur spécial des Nations Unies a aussi plaidé pour la libération des deux femmes journalistes Floriane Irangabiye et Sandra Muhoza. Le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme au Burundi a également évoqué des attaques sur le sol burundais du mouvement rebelle RED-Tabara et des attaques à la grenade dans les lieux publics, les restaurants et les débits de boissons. En lançant une « alerte précoce afin de minimiser la survenance d’une nouvelle crise dans ce pays de la région des Grands lacs au cours des élections à venir », Fortuné Gaetan Zongo a encouragé la communauté internationale à « initier des actions de médiation, de prévention vis-à-vis des autorités burundaises et autres acteurs clés afin de s’assurer un climat apaisé en prélude aux élections législatives et municipales de 2025, en veillant à l’inclusivité, au respect des droits. Selon le Rapporteur Spécial, il faut « créer les conditions d’un dialogue national inclusif, solution ultime pour un retour à la paix et à la confiance des institutions. »

Fortuné Gaetan Zongo a également rappelé que le gouvernement burundais a refusé de coopérer avec le mécanisme de Rapporteur Spécial des Nations Unies en ne l’autorisant pas notamment à accéder sur son territoire.

« Un mécanisme pour asphyxier les institutions démocratiques »

Selon le gouvernement burundais, ce mécanisme « à base de calomnie et d’infamie » a été mis en place pour des intérêts géopolitiques. « Nous sommes convaincus que ce mécanisme s’essouffle et s’épuise car il n’a pas réellement de fondements, mais malgré tout, il est volontairement maintenu et étendu dans le temps, en vue d’asphyxier les institutions démocratiques, républicaines pour des intérêts qui ne sont autres que géopolitiques. » A lancé la représentante du gouvernement burundais à Génève. L’ambassadrice Elisa Nkerabirori a indiqué que le mouvement rebelle RED-Tabara, qui mènent des attaques meurtrières au Burundi, recrutait ses combattants dans le camp des réfugiés de Mahama que le Rapporteur Spécial a récemment visité au Rwanda.