Paraphé par les négociateurs en chef il y a une année, jour pour jour, l’accord post-Cotonou tarde à être conjointement signé par l’Union Européenne et l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Les pays ACP sont prêts mais l’UE traîne encore les pieds. Lors de la récente session de l’assemblée parlementaire paritaire, certains parlementaires ont affiché leur souhait de voir les Européens accélérer leurs procédures internes. (Le Mandat)
Ce sont des procédures internes au sein de l’Union Européenne qui bloquent la signature de l’Accord post-Cotonou pourtant paraphé par les représentants des deux parties le 15 avril 2021. Au départ, certains pays européens, à l’instar de la Hongrie, étaient réticents sur certaines clauses du nouvel accord surtout sur la question de la migration. Or, pour qu’il entre en vigueur, c’est tout le bloc des 27 qui doit approuver l’accord en question.
Les Européens temporisent
Comme elle était en déplacement à Kiev, la présidente du parlement européen, Roberta Metsola, a laissé une vidéo pré-enregistrée, jouée à l’ouverture de la 41ème session de l’assemblée parlementaire paritaire ACP-UE, dans laquelle elle tentait d’être rassurante. « Je pense que ce nouvel accord sera signé rapidement par toutes les parties afin que lors de notre prochaine réunion ce sont les nouvelles règles qui s’appliquent déjà ». De son côté, le co-président de l’assemblée parlementaire paritaire ACP-UE Carlos Zorrinho estime aussi qu’il est urgent de finaliser l’accord post-Cotonou dont « les négociations ont été conclues il y a deux ans ». « J’espère vraiment qu’il sera possible de le finaliser pendant la présidence française ». Donc, le Portugais espère la signature du nouvel accord avant la fin du mois de Juin comme le mandat de la France à la tête du Conseil de l’Union Européenne expire le 30 Juin prochain. C’est également jusqu’au 30 Juin prochain que l’Accord de Cotonou reste en vigueur après la récente prolongation des délais sauf si d’ici là les deux parties signent le nouvel accord.
Les ACP pressent
L’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique n’attend que la fin des procédures internes au sein de l’Union Européenne. « La partie OEACP se préoccupe du retard considérable du côté de l’Union Européenne concernant l’achèvement des processus internes qui permettraient la signature de l’accord », a déclaré le co-secrétaire général de l’assemblée parlementaire paritaire ACP-UE Georges Rebelo Pinto Chikoti. L’Angolais a également rappelé la position des Etats ACP selon laquelle le nouvel accord sera appelé l’Accord de Samoa « tout en espérant que la signature de l’accord aura lieu à Apia, la capitale de l’Etat indépendant des Samoa ».
L’accord post-Cotonou perd-il son importance politique?
Cette absence de signature pouvait-elle causer la perte de l’importance politique de l’accord post-Cotonou? La question a été posée au cours de la conférence de presse du premier Avril. Côté ACP, le co-président de l’assemblée parlementaire paritaire Peter Kenilorea a répondu que son groupe était prêt à apporter tout soutien pouvant faire avancer les choses. « Nous ne pensons pas que la lenteur du processus ait un impact sur la pertinence du groupe. Je pense que la pertinence du groupe parle d’elle-même en termes de position unique que ce groupe peut apporter à la discussion, y compris sur les questions mondiales », a-t-il ajouté. Du côté de l’Union Européenne, le co-président de l’Assemblée parlementaire paritaire Carlos Zorrinho a justifié, à mi-mot, le retard de signature par les innovations contenues dans l’accord post-Cotonou tout en misant sur le temps qui reste avant la fin de la présidence française au Conseil de l’Union Européenne.
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