Sans surprise, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a accordé, jeudi, un nouveau mandat d’une année au Rapporteur Spécial sur la situation des droits de l’homme au Burundi comme nous l’avions annoncé dans notre récente analyse. L’Union Européenne, l’initiatrice de ce mécanisme pour le Burundi, a expliqué qu’il n’y avait pas d’autre choix pour ce pays de la région des grands lacs qui a coupé contact avec presque tous les mécanismes internationaux des droits de l’homme. (Le Mandat)
« Le pays persiste à refuser de coopérer avec le rapporteur spécial, ainsi qu’avec la Cour pénale internationale, qui reste compétente pour la période précédant le retrait du Burundi du Statut de Rome. » A dit Zoltán Turbek lors de la présentation de la déclaration introductive de l’Union Européenne dans la réunion du Conseil des droits de l’homme de ce jeudi. Au nom de l’Union Européenne, le Hongrois a ainsi « encouragé le Burundi à accorder l’accès au pays au Rapporteur spécial et à collaborer pleinement avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme ». Cela permettra d’assurer un suivi continu de la situation des droits de l’homme au Burundi, où des élections législatives et locales sont prévues en 2025, a-t-il poursuivi.
Citant le Rapporteur spécial, l’Union Européenne a également rappelé la situation préoccupante des droits de l’homme au Burundi où des violations et des abus continuent d’avoir lieu. « En particulier, il a fait état d’un nombre croissant de disparitions forcées, de restrictions abusives aux libertés fondamentales et d’arrestations arbitraires. » Selon le principal bailleur de fonds du Burundi, il est également essentiel de souligner l’importance d’un espace civique ouvert et de la diversité politique pour créer les conditions nécessaires à des élections inclusives, transparentes et crédibles.
Le Burundi dénonce un mécanisme « politiquement orienté »
Au nom du gouvernement du Burundi, Elisa Nkerabirori a dit que « ce mandat spécifique était politiquement orienté et n’était aucunement en la faveur de la promotion et de la protection des droits de l’homme au Burundi comme il est prétendu ». Avant le vote, l’ambassadrice du Burundi à Génève a rappelé que son gouvernement contestait le renouvellement du mandat du Rapporteur spécial. « Depuis dix ans, ce mécanisme sert à discréditer les institutions républicaines et démocratiques de mon pays, qualifie toute une jeunesse de milice et plus grave encore tente d’opposer les filles et les fils dans nos communautés, de nous catégoriser comme du temps de la période coloniale. »
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Comme l’agence de presse « Le Mandat » l’avait déjà annoncé dans son récent article, selon la résolution de renouvellement du mandat du Rapporteur Spécial adoptée avec 22 voix Pour, 10 Contre et 15 Abstentions, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies demande au gouvernement burundais de créer les conditions nécessaires à la tenue d’élections législatives inclusives, transparentes et crédibles en 2025, conformément à ses obligations et engagements internationaux ; de prendre des mesures concrètes pour lutter contre la discrimination sous toutes ses formes et pour garantir à toutes les personnes se trouvant sur son territoire la pleine et égale jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentales, conformément au droit international des droits de l’homme et d’honorer son obligation juridique de coopérer pleinement avec la Cour Pénale Internationale (CPI) dans le cadre de l’enquête en cours en plus de ce qui était déjà prévu dans les précédentes résolutions.
L’adoption de la résolution, qui accorde une année supplémentaire de travail au Rapporteur Spécial sur la situation des droits de l’homme au Burundi Fortuné Gaetan Zongo, a été précédée par un débat contradictoire au cours de la 57ème session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.