Certains journalistes burundais sont tombés des nues en apprenant la composition du nouveau comité de l’Observatoire de la Presse Burundaise, OPB en sigle. La plupart des membres du comité de cet observatoire, jusqu’ici dirigé par un journaliste en exil, rouleraient pour le parti au pouvoir au Burundi, le CNDD-FDD. (Le Mandat)
Louis Kamwenubusa c’est le président du nouveau comité de l’Observatoire de la Presse Burundaise approuvé dans les enceintes de l’Hôtel New Kigobe de Ngozi ce jeudi. Selon nos sources, le directeur général des Publications de Presse Burundaise (PPB), qui a été le porte-parole adjoint du président Pierre Nkurunziza, est un membre influent du parti CNDD-FDD dans la province Mwaro. La vice-présidente de l’OPB c’est Mireille Kanyange, la Représentante de la Maison de la Presse. Le secrétaire de cet organe d’autorégulation des médias c’est Claude Nkurunziza, le directeur de la Radio-Télévision Rema FM qui a été créée par le parti présidentiel, le CNDD-FDD. Le directeur de la Radio-Télévision Isanganiro et président de l’Association pour le respect de la Dignité humaine et la Solidarité (ADS-Inkingi) Charles Makoto, le directeur de la radio Ijwi ry’Umukenyezi et organisateur des émissions publiques des institutions Jean Mitterrand Ndayegamiye ainsi que le directeur de Mashariki TV et cadre au sein du personnel de l’assemblée nationale Anicet Nyamweru sont des membres de ce comité dit de transition.
Selon nos sources, la liste de tous ces noms comportant leurs postes respectifs a été présentée par le vice-président du Conseil National de la Communication Laurent Kaganda aux directeurs des médias et l’ont approuvée par acclamation.
L’une des missions du comité « de transition » de l’OPB est de réviser les textes régissant cet Observatoire.
Interrogés par l’Agence de Presse Le Mandat, certains journalistes burundais sont désespérés. « Ces gens-là viennent renforcer le musellement de la presse dans notre pays. » A dit l’un d’entre eux.
L’activité de mise en place du nouveau comité de l’OPB a été organisée par le Conseil National de la Communication (CNC) avec l’appui de l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) selon un journaliste qui dit ne pas comprendre pourquoi une agence onusienne ose collaborer avec les pouvoirs publics pour mettre sur pied un organe d’autorégulation des médias. « Comment l’UNESCO, qui prône la liberté de la presse, se permet de collaborer avec un organe régulateur pour mettre en place un organe d’autorégulation alors qu’il y a des organisations des médias dans le pays ? C’est absurde. »
Jusqu’ici, le directeur de la télévision Renaissance Innocent Muhozi, aujourd’hui en exil, était à la tête de l’Observatoire de la Presse Burundaise. Le 3 mai dernier, dans son discours lors de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, la présidente du CNC Vestine Nahimana a regretté de constater que l’OPB n’avait pas encore été redynamisé ou remplacé.
114ème sur 180 pays au classement de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières en 2023, le Burundi n’a pas encore résolu le problème des médias détruits à l’arme lourde en 2015 et dont les journalistes sont en exil, la Radio Publique Africaine (RPA) et la Télévision Renaissance.
Cette année, le Burundi a également condamné la journaliste asthmatique Floriane Irangabiye de la Radio Igicaniro à 10 ans de prison ferme avec une amende d’un million de francs burundais pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ». Plusieurs organisations des journalistes et celles des droits de l’homme ont dénoncé l’arrestation, la détention et la condamnation injustes de la journaliste.