Lorsqu’il a levé les sanctions à l’encontre de la British Broadcasting Corporation, le Conseil National de la Communication du Burundi a évoqué deux raisons majeures. La recommandation du président de la République et le fait que la radio BBC a accepté de demander une nouvelle autorisation. Mais, en réalité, la véritable raison est la mise en œuvre de la feuille de route conclue entre le gouvernement et l’Union Européenne.
Le renforcement de la liberté des médias figure parmi les points que l’Union Européenne continue à soulever dans le cadre du dialogue politique avec le Burundi. C’est dans ce cadre que le CNC a autorisé la reprise des activités de la radio BBC sur le sol burundais. Les autorités burundaises favorisent aussi les agréments en cascade de nouveaux médias pour « prouver l’évolution au niveau de la liberté de la presse ». Dans ce secteur, les autorités burundaises ne voient toujours pas comment « faire la paix » avec les médias incendiés et interdits sur le territoire national. Selon nos sources, le régime CNDD-FDD compte lever les mandats d’arrêts émis à l’égard des responsables et certains journalistes de ces médias pour ensuite exiger leur rapatriement sous d’autres appellations. Mais, c’est un processus compliqué et non prioritaire pour l’instant, signale nos sources.
Des priorités d’ici juin
D’ici le mois de juin, les autorités burundaises devraient présenter des résultats palpables sur l’application de la feuille de route à leurs partenaires européens. C’est pourquoi, dans cette course contre la montre, un autre groupe de membres de l’opposition politique et de la société civile en exil devrait se rapatrier d’ici peu. Selon nos sources, ils viendraient principalement de Bruxelles, de Kampala et de Kigali. Jusqu’à présent, ces politiques et membres de la société civile qui rentrent au pays ont un point commun. Ils ont officiellement contesté le troisième mandat du président Pierre Nkurunziza mais ils ont officieusement gardé de bonnes relations avec le CNDD-FDD.
Le dossier des « putschistes de 2015 »
Le régime compte aussi marquer des points en libérant les « putschistes de 2015 » et d’autres prisonniers politiques. La libération des prisonniers politiques figure parmi les points que l’Union Européenne continue de négocier. Selon nos sources, le dossier des « putschistes » a été discuté dans les coulisses du parti présidentiel l’année dernière, 2021, mais il n’y a pas eu de consensus. Après l’incendie qui a ravagé une grande partie de la prison centrale de Gitega, le président Evariste Ndayishimiye a dépêché un émissaire pour expliquer aux « putschistes » qu’ils n’étaient pas du tout visés contrairement à « ce qui se racontait dans la rue », nous confient nos sources.
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Actuellement, les autorités burundaises affirment à leurs partenaires européens que tout est négociable mais refusent que leurs bailleurs de fonds leur imposent la chronologie de traitement des dossiers selon nos sources.
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