Sanctions contre le Burundi : le Royaume-Uni veut le retour du Haut-Commissariat et le feu vert au Rapporteur Spécial des droits de l’homme

Le Royaume-Uni vient d’actualiser sa liste globale des individus sous sanctions mais il décide de ne pas reproduire la liste des quatre hautes personnalités burundaises sanctionnées par l’Union Européenne. Le Burundi reste, toutefois, sous sanctions. (Le Mandat)

Après le renouvellement des sanctions à l’égard du Burundi en décembre dernier, le Royaume-Uni estime que, pour le moment, il n’est pas opportun de cibler les individus. Aucun Burundais ne figure sur la nouvelle liste des sanctions élaborée ce lundi. Pourtant, les sanctions imposées au pouvoir de Gitega par le Royaume-Uni trouvent leur origine dans celles imposées par l’Union Européenne à quatre Burundais avant et même après le Brexit. C’est justement autour de cette question des sanctions à l’égard du Burundi que la chambre des lords a organisé un débat le 19 janvier dernier. « En réponse à l’amélioration du climat politique au Burundi, nous avons décidé de ne pas faire passer les désignations individuelles spécifiques dans le cadre du régime des sanctions de l’Union Européenne au régime des sanctions autonome du Royaume-Uni au Burundi » a indiqué Andrew Michael Gordon Sharpe qui s’est félicité de la « coopération plus étroite du gouvernement burundais avec la communauté internationale au cours de l’année 2021 ». « Nous notons également, par exemple, que le gouvernement a repris contact avec certains médias. Nous nous félicitons de cet engagement accru en faveur des droits de l’homme ».

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D’autres membres de cette chambre haute du parlement du Royaume-Uni estiment que ces sanctions enfoncent plutôt dans la misère un peuple burundais qui est déjà dans une pauvreté extrême. Parmi eux, John Dawson Eccles. Selon lui, il y a une pauvreté abjecte dans une grande partie du Burundi. Pour John Dawson Eccles, il ne semble pas très pertinent que la politique du Royaume-Uni à l’égard du Burundi soit guidée par des sanctions. « Si nous pensons à l’Afrique subsaharienne, avec tous ses problèmes, et que nous les rattachons au Burundi, la question centrale est le développement économique et non le comportement d’un gouvernement en particulier à un moment donné ».

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De leur côté, d’autres membres de la chambre haute du Parlement estiment que maintenir le régime des sanctions sans désigner personne sous celui-ci semble totalement inefficace. « Nous exprimons une grande inquiétude quant à la décision de retirer des personnes désignées sous le régime des sanctions en ce qui concerne le Burundi, même si, en principe, le régime des sanctions reste potentiellement en place », a déclaré Lindsay Patricia Northover avant d’ajouter que le régime des sanctions britanniques doit être clairement réactif. Citant le récent rapport de la Commission d’Enquête de l’ONU sur le Burundi, Lindsay Patricia Northover a dit que, malgré l’accession au pouvoir d’un nouveau président de la République, la répression contre la société civile et l’opposition s’est poursuivie au Burundi, notamment des exécutions sommaires, des arrestations arbitraires, des meurtres et des disparitions.

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En conclusion, le présentateur du dossier des sanctions Andrew Michael Gordon Sharpe a souligné que le régime des sanctions actuel conservait les mêmes effets que le précédent et que le gouvernement du Royaume-Uni était entrain de négocier le rétablissement de la coopération entre le Burundi et les mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies. Il a parlé notamment du Haut Commissariat des Nations Unies qui a été obligé par le gouvernement burundais à plier bagage en février 2019 et du Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Burundi qui sera désigné en mars prochain. « Nous continuons d’appeler le gouvernement du Burundi à coopérer avec tous les mécanismes onusiens des droits de l’homme et à faciliter la réouverture du bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme au Burundi. Nous voulons voir le Burundi s’engager pleinement avec les mécanismes des droits de l’homme de l’ONU et permettre au Rapporteur Spécial d’entrer dans le pays ».

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Tout en se réservant le droit de cibler certains individus en cas de besoin, le Royaume-Uni explique que les sanctions à l’égard du Burundi sont maintenues pour encourager le gouvernement à respecter les principes et institutions démocratiques, l’Etat de droit et la bonne gouvernance, à s’abstenir de politiques ou d’activités qui répriment la société civile, à se conformer au droit international des droits de l’homme et à respecter les droits de l’homme, y compris en particulier, respecter le droit à la vie des personnes au Burundi, le droit des personnes à ne pas être soumises à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, y compris dans le cadre du viol, d’autres formes de violence sexuelle et de violence sexiste. Le Royaume-Uni exige aussi le droit à la liberté et à la sécurité des personnes y compris le droit de ne pas être arrêté arbitrairement, détenu ou victime de disparition forcée; les droits des journalistes, défenseurs des droits humains et autres personnes au Burundi à la liberté d’expression et de réunion pacifique. 

Ces sanctions imposées au gouvernement du Burundi par le Royaume-Uni excluent, toutefois, l’exigence de négocier avec ses opposants politiques. Le Royaume-Uni considère que, même si les tensions politiques subsistent, il ne s’agit plus d’une crise politique immédiate après « le transfert de pouvoir géré et largement pacifique à un nouveau président de la République à la suite des élections de mai 2020 ».