Burundi : Pourquoi la commission d’enquête alerte-t-elle sur les élections de 2020?

La Commission d’enquête sur le Burundi présente son rapport final à la mi-journée de ce mardi à Genève. Mais avant cette présentation attendue à la 17ème réunion de la 42ème session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, la Commission d’enquête a déjà alerté sur d’éventuelles violations des droits de l’homme liées au processus électoral en cours.
Publié par la Radio Publique Africaine
‘’Nous disons à la communauté internationale de ne pas seulement enquêter sur ce qui est fait mais il faut aussi prendre les mesures, avoir les instruments, pour éviter que ça se fasse. », a déclaré le président de la Commission d’enquête sur le Burundi, dans la conférence de presse de ce jeudi, pour expliquer le rôle des huit facteurs de risque évoqués dans le nouveau rapport.
L’insécurité et l’instabilité socio-politique, la faiblesse des structures étatiques en particulier le système judiciaire, et

l’impunité généralisée pour les violations des droits de l’homme sont les trois premiers facteurs de risque à la veille des élections de 2020, rapporte la Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi.

L’intention de promouvoir la violence y compris le souhait du Cndd-Fdd, de rester au pouvoir c’est le quatrième facteur de risque selon cette commission qui explique que pour y arriver, le parti au pouvoir use des griefs antérieurs pour des fins politiques. La capacité de différents acteurs de faire la violence et commettre des crimes atroces, l’absence d’une société civile organisée et représentative inquiètent également la Commission d’enquête sur le Burundi qui ajoute dans cette catégorie l’absence des médias indépendants. La politisation de l’identité ainsi que ces élections-mêmes font partie des éléments déclencheurs de la violence selon la Commission.
« Nous avons peu de garanties que les élections de 2020 seront apaisées » a déclaré Lucy Asuagbor, membre de la commission, dans la conférence de presse de ce jeudi.

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De son côté, le président de la commission, Doudou Diène a déclaré que le Burundi entrait dans une période extrêmement sensible et qu’il faut être vigilant. Selon lui, même si la réponse finale à la crise appartient au Burundi, la commission d’enquête sur le Burundi a un rôle capital à jouer dans le processus de recherche de cette solution.
«Dans le futur, quand il y aura un changement au Burundi, il va falloir que toutes les autorités et la société essaient d’adresser le contenu de nos rapports. Si les rapports n’étaient pas là, si dans vingt ans on essayait de rétablir ce qui s’était passé, ça serait difficile. » a souligné Françoise Hampson qui expliquait que la fonction des conclusions et des recommandations c’est plutôt de permettre aux ONGs, à la société civile et aux Etats de faire pression sur un pays.
Selon la commission d’enquête, depuis 2015, il y a persistance des violations graves des droits de l’homme dont certaines constituent des crimes contre l’humanité, en particulier des violations du droit à la vie, des arrestations et des détentions arbitraires, des tortures et autres mauvais traitements, des violences sexuelles et des violations des droits économiques et sociaux, le tout dans un climat général d’impunité. Les violations des libertés publiques sont par ailleurs en recrudescence selon la commission. La liste des présumés auteurs des crimes contre l’humanité continue d’être établie.
« La liste ne sera remise qu’aux structures judiciaires habilitées en cas de besoin », a précisé Françoise Hampson au cours de la conférence de presse de ce jeudi.
La présentation du rapport final de ce mardi coïncide avec la fin du mandat de la commission dont le mandat a été renouvelé deux fois depuis sa création en septembre 2016. Cependant, la commission d’enquête sur le Burundi recommande que son mandat soit encore une fois renouvelé pour une année.

La Commission explique qu’elle reste le seul mécanisme indépendant et objectif qui enquête sur les violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits au Burundi, les documente et en informe la communauté internationale.

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